Extrait n°1

Ma valise rangée bien sagement dans le compartiment bagages, je choisis toujours la rangée du dessous pour m’éviter tout effort de manipulation. Si l’emplacement est pris, j’enlève tout simplement les bagages pour y mettre ma valise. J’ai mes habitudes. Je m’installe bien sagement à ma place, côté couloir pour avoir plus de facilité pour me diriger aux toilettes sans déranger mon voisin. Eh oui, je n’ose jamais dire :

— Pardon, je peux passer ?

Combien de fois, ma Joséphine, as-tu mouillé ta culotte !? Je sais, je n’ose jamais. J’entends encore ma mère, mon père, ma copine Églantine, me dire :

— Mais ose Mécassine, de quoi as-tu peur ? Le grand méchant loup ne va pas te manger, il n’existe plus !

Donc me voici installée confortablement, ma jupe bien tirée pour ne pas avoir de faux plis, ma bouteille d’eau à côté de moi, mon magazine sur mes genoux, je jette un coup d’œil furtif à mon voisin et nous voici partis. Adieu Paris, enfin les vacances !

 

 

Extrait n°2

Après une nuit mouvementée, j’ose essayer quelques vêtements, qui curieusement s’adaptent à ma morphologie. Je ne peux vous cacher ma honte, ma gaucherie à enfiler un string, des bas, un porte-jarretelles, un corset. Me balader dans mon salon en nuisette, perchée sur des talons aiguilles qui me donnent une démarche de canard. Je passe ma semaine entre balades et découverte de ce corps. Je m’habitue à vaquer fesses nues dans un string, à porter des bas, à découvrir mes seins. Je m’admire très souvent dans un miroir. Une métamorphose s’opère, je prends possession de ce nouveau corps qu’ordinairement je cachais. Puis fin des vacances, je boucle ma valise. Je ne peux me décider à me libérer totalement de Joséphine si classique, j’hésite et finalement je reviens à mes culottes en coton et mes collants pour ce retour sur Paris. Peur du regard des autres, vont-ils deviner mes fesses à moitié nues ? Mais j’emporte secrètement au fond de cette valise, cette autre, cette femme qui durant quelques semaines à vécu un étrange destin. Je quitte cette vallée pleine d’espoir, heureuse, tout en ayant une boule au ventre pour ce chemin teinté d’érotisme dans lequel j’ai décidé petit à petit d’avancer.

 

 

Extrait n°3

Puis, après une courte balade, un bref dressage, je l’autorise à poser sa tête entre mes jambes et lui ordonne de me lécher. Je rythme la pointe de sa langue au gré de petits coups de cravaches sur son cul. De temps en temps de plaintifs gémissements désordonnent les instructions données. Ma respiration s’accélère, il sait que ce début de jouissance est proche. Pendant ce mois de soumission, nous convenons que notre sexualité ainsi que la sienne ne sera que manuelle. Dès lors nous partons à la découverte de godemiché, de sextoys, de ceintures les plus improbables. Je vis l’attente du mois suivant dans une excitation gravitationnelle. Je sais que mon statut de Putain Royale explosera le mois suivant. Que notre sexualité débridée, explosive, imaginative, terriblement sexuelle no limit, sans tabou, en totale liberté et complicité reprendra ses droits. J’expérimente en tant que maîtresse toute une sorte de jeux, de rituels mais toujours en respectant le bien-être de mon soumis.

Enkidu a retrouvé sa sérénité, il trottine et joue, de plus en plus curieux sur nos agissements, toujours à l’affût, sa petite tête entre deux barreaux à nous épier. Gilgamesh, dans son rôle de soumis, me téléphone tous les jours à la même heure. Il se présente à heure fixe à ma porte, agenouillé sur le paillasson. Aujourd’hui j’ai décidé de lui faire affronter le monde extérieur, le regard des autres. Je rêve de peaufiner mon rôle par diverses tenues vestimentaires, de découvrir le latex. Sans rien lui dire nous sortons de l’appartement. Fidèle à mes ordres, il me suit, deux pas derrière moi. Nous nous présentons à l’entrée du magasin fétish d’une nouvelle amie. Je pénètre dans la boutique, hautaine, Gilgamesh en laisse. L’après-midi s’écoule au gré d’essayages et d’ordres, tout ceci dans un vrai bonheur de partage, de reconnaissance, d’admiration de sa part et d’obéissance naturellement.

La fin du mois est proche. Gilgameh accroupi sur son tapis à minuit précise, tête baissée, attend la délivrance de son statut de soumis. J’ai une pointe d’excitation. Mon corps est en feu, de ma main gantée je lui caresse la tête, je lui tapote les fesses avant de le libérer pour un mois. Nos regards se croisent, enflammés par un désir croissant. Je détache la laisse et dégrafe le collier en les laissant choir à terre, au milieu de mon cuir et nous partons pour une nuit no limit dans la tendresse, l’amour et le sexe. Entre deux plaintes, deux gémissements, deux orgasmes, nous entendons Enkidu qui, tel un fou, trottine, dans sa cage, et s’élance dans une course effrénée autour de sa roue. A-t-il perçu la légèreté du mois à venir ? Ce tendre et fidèle compagnon, mon confident.

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