Extrait n°1
Désert de l’Arizona
Perdu au milieu du désert de Sonora au sud de l’Arizona, John Roolt, journaliste à KSN-TV se réveille en plein cauchemar, ligoté, aveuglé par le soleil. Face à ce petit bonhomme binoclard et pas plus épais que le portefeuille d’un chômeur, je l’observe en train de remuer comme un ver de terre en m’appuyant sur le canon de mon fusil. Je replace une mèche blonde de mes longs cheveux derrière mon oreille et je pose mon arme à l’arrière du pick-up avant de me saisir de la gourde pour me réhydrater sous cette chaleur suffocante. Je claque la langue de satisfaction et je m’approche du journaleux qui est couché sur le côté, les poignets entravés dans le dos reliés par une corde à ses chevilles qui sont également saucissonnées. Je redresse ce pauvre hère pour le mettre à genoux et je finis de le réveiller par une grosse beigne dans la gueule. SPLAF !
— Ça réveille, hein ! ? Qui es-tu ?
Comme s’il sortait torturé du néant, le gratte-papier secoue la tête encore sous le coup de la gifle et crache un jet de sang avant de répondre :
— John Roolt, reporter pour KSN-TV.
— Ça confirme ce que j’ai lu sur tes papiers. Pourquoi me cherches-tu ?
— Je voulais faire un reportage sur vous.
— Et me balancer aux flics !
Il crache de nouveau du sang avant de rétorquer :
— Pas du tout, c’est Nelly Swarf qui m’a chargé de vous localiser, elle était à Leybent lors des événements[1]. C’est elle qui m’envoie.
Pas un bruit, pas le moindre souffle de vent. La chaleur est écrasante. L’autre abruti cligne des yeux en tordant la bouche. Je remonte mes lunettes de soleil sur mon nez, deux pare-brise réfléchissants cerclés d’une monture dorée.
— C’est sûrement pas pour ma belle gueule qu’elle me cherche ! Encore une combine pour faire la une de ses infos et passer pour un super reporter !
— Je ne crois pas m’sieur Fush, elle avait l’air songeuse quand elle m’a demandé de vous retrouver.
— L’air songeuse ?
— Oui, mais rien de jubilatoire, non, elle avait plutôt l’air triste, nostalgique plus exactement.
— Ouais, ben moi j’ai bien l’impression que tu m’entourloupes !
— Je vous assure que ce n’est pas le cas m’sieur Fush !
Sans rien dire, je me redresse et fouille dans mon pick-up. J’en ressors un seau d’eau duquel j’extrais un collier de cuir assez large.
— S’il vous plaît, ne me faites pas de mal, j’ai une femme et un gosse, je ne suis pas venu en ennemi !
Ne cédant pas à ses jérémiades, je lui coupe le souffle en serrant le collier autour du cou. La tension est si forte que le journaliste ne peut plus articuler le moindre mot. Il se met à suer abondamment avant de trembler de tous ses membres et de fondre en larmes. Le collier est ensuite relié à ses mains via une chaîne qui passe par un anneau, et ce ne sont pas ses larmes qui vont m’apitoyer.
— Avec la chaleur, le cuir va sécher. Il se rétractera pour se resserrer autour de ton cou, doucement, tout doucement. Tu devines la suite.
La tête légèrement tirée en arrière l’oblige à fixer le soleil.
— Mais avant d’avoir le souffle coupé tu auras les yeux brûlés, ça t’apprendra à regarder dans la bonne direction.
[1] cf. Vous n’irez pas tous au Paradis
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Extrait n°2
Le jeune homme perd son sourire voyant ses deux amis s’écarter pour lui faire une place entre eux deux. Timidement, il avance, resserre davantage son peignoir et s’assied prudemment.
— Vous avez une nouvelle affaire à me confier ?
Ricardo se tourne vers lui et lui répond :
— On voudrait d’abord te dire que tu avais fait du bon boulot en incendiant la camionnette, ça, c’est une première chose.
— Je m’applique à chaque boulot que vous me donnez. J’espère que vous me confierez une autre affaire parce que j’ai pas mal de frais en ce moment.
— Y a pas de raison. Mais dis-moi, tu te souviens de ce qu’on t’avait dit pour l’argent ?
— Heu, comment ça ?
— D’attendre un peu pour le dépenser et ne pas te faire remarquer en changeant ton niveau de vie à la vue et au su de tout le monde.
— Ah oui, oui, oui, oui… oui c’est vrai. Ben en fait je crois que je me suis laissé emporter.
— Je me suis laissé dire que tu avais fait la fête toute une nuit, je me trompe ?
— Je fais souvent la fête, j’aime ça.
— Et tu te fais vite repérer aussi. Tu sais qu’on a des hommes bien placés dans la police ?
— Ah non, je savais pas et puis je ne veux pas savoir !
Alan se met à trembler et à suer abondamment. Luigi sourit, sort son neuf millimètre muni de son silencieux et tire trois coups en direction du lit : spou, spou, spou !
Horrifié, le jeune homme se met à hurler en repliant les bras tout en secouant les mains :
— Ahhhh !!! Mais pourquoi faites-vous ça ?
Trois taches rouges s’agrandissent à vue d’œil en maculant les draps. Luigi ne sait pas à quoi ressemble sa victime et ni lui ni son frère ne le sauront jamais. L’amant d’Alan avait préféré rester planqué sous les draps sans savoir qu’il ne reverrait jamais le jour.
— Tu es le seul à savoir à qui appartenait cette camionnette, reprend Ricardo.
— D’autres ont pu vous voir ! Pourquoi avez-vous tué mon Pedro ?
Les deux frères se lèvent et font face au jeune homme. Ricardo lui répond :
— On ne laisse jamais de témoin derrière nous.
— Mais des témoins de quoi ?
— De ce qui va t’arriver.
Alan se met à pleurer. Il se laisse glisser du canapé pour tomber à genoux sur le sol avant de demander :
— Pitié, s’il vous plaît, je n’ai rien fait !
— Tu mens petite frappe !
La crosse du pistolet de Luigi vient lui fracasser la mâchoire. Le hurlement est strident, quelques dents s’échappent de sa bouche avant que sa tête ne cogne le carrelage. À son tour, Ricardo lui assène un coup de pied dans l’estomac puis un second en pleine tête qui l’assomme.
Luigi regarde leur victime et ajoute :
— Ne jamais faire confiance aux tarlouzes !
Tout comme son frère, il enfile des gants en Latex avant que ce dernier n’ouvre la mallette pour en ressortir un rouleau de bande adhésive :
— Installe-le sur une chaise, je vais l’attacher.
En deux temps trois mouvements, les quatre membres du jeune homme se trouvent solidement scotchés à la chaise tout comme son torse. Le jeune homme retrouve ses esprits et bégaie de terreur :
— Mais que faites-vous ? Que faites-vous ? On est amis, non ?
Luigi lui balance un violent revers qui lui fait basculer la tête de l’autre côté et lui demande :
— Tu vas nous raconter mot pour mot ce que tu as balancé aux flics !
— Mais j’ai rien dit, j’te jure ! Aaaaaaaah !!!
Le cri de douleur est terrible. Ricardo vient de lui cisailler la phalange du petit doigt à l’aide d’une tenaille.
— Mais putain puisque j’vous dit que je n’ai rien dit à personne !
Il éclate en sanglots, secoué de tremblements.
— Aaaaaah !!!
Seconde phalange en moins. Luigi lui saisit les quelques cheveux qui lui restent et lui relève la tête :
— Que leur as-tu dit ?
— Ok, ok. Ils sont venus me voir parce qu’un petit dealer m’a balancé en leur disant qu’il m’avait vu incendier le camion.
— C’est qui ce p’tit dealer ?
— J’en sais rien, y a pas eu moyen d’être rancardé.
— Ils travaillent pour qui les flics qui sont venus t’interroger ?
— Morisson, le lieutenant Morisson.
Ricardo se tourne vers son frère, visiblement inquiet ;
— Putain, fallait qu’il se la ramène celui-là !
— Ouais, il est pas commode, va falloir rester sur nos gardes.
Luigi reprend son interrogatoire :
— Ensuite, tu as dit quoi ?
— Ils m’ont montré une photo de la camionnette et m’ont dit que si je ne leur disais pas pour le compte de qui je l’avais cramé ils me foutaient une histoire de kidnapping sur le dos. Mais moi je veux rien savoir !
— Continue !
— Je leur ai dit que je ne connaissais pas le commanditaire, qu’il me contactait par téléphone et qu’il me laissait une enveloppe pleine de biftons dans ma boîte aux lettres. Aaaaaaah !!!
Troisième phalange en moins !
Nouvelle baffe de Luigi.
— Arrête de me raconter des histoires, on n’est pas au cinéma, là !
— Ok, ok. J’avoue que j’ai peur de cette histoire de kidnapping. Avec mon casier j’étais bon pour l’injection létale. Alors j’ai craché le morceau. Aaaaaaah !!!
Quatrième phalange.
— Et pourquoi tu ne nous as pas avertis ? On aurait pu comprendre, prendre nos dispositions !
— Aaaaaaah !!!
Cinquième phalange.
Changement de main.
— Arrêtez, je vous en supplie ! Je vous ai tout dit.
— Et quand on vient te voir, tu nous accueilles à bras ouverts en nous balançant des grands coups de « mes amis » !
— Aaaaaaah !!!
Sixième phalange.
Nouvelle beigne dans la gueule.
— Ordure, va ! Et tu étais bien content de les palper les billets qu’on t’a filés, hein ? Écoute-moi bien espèce de petite frappe, tu sembles avoir oublié ta profession de foi : Un, ne rien voir.
— Aaaaaaah !!!
— Deux, ne rien entendre !
— Aaaaaaah !!!
— Et trois, savoir fermer sa grande gueule !
Les deux dernières phalanges tombent par terre entraînant leur propriétaire dans le coma. Ricardo pose sa tenaille et prend un écarteur de bouche sans sa mallette qui empêche la victime de la fermer ainsi qu’un morceau de bois qu’il place entre ses dents. Alan se réveille à ce moment-là et tente de bouger en grognant.
— Luigi, passe-moi la pince et le scalpel !
Le jeune homme a les yeux qui lui sortent de la tête il se met à hurler comme il peut en agitant ses doigts amputés qui pissent le sang :
— Wou, wou, wou !
— Tiens-toi tranquille et tout se passera bien.
Il tente de reculer sa langue le plus loin possible au fond de sa bouche mais son tortionnaire la saisit avec la pince Kocher et à l’aide du scalpel il la lui tranche en s’y reprenant à deux fois. Alan hurle à travers un gargouillis de sang qu’il avale pour partie avant d’en recracher.
Luigi tend un sac plastique à son frère dans lequel il insère le matériel utilisé. Puis il se tourne vers sa victime en glissant sur une phalange qui a failli lui faire perdre son équilibre. Il shoote dedans en gueulant :
— Putain de saloperie, j’aurais pu me rétamer la gueule !
Puis en se tournant vers leur victime :
— Tu vois Alan, on t’avait dit de tenir ta langue. Tu n’as pas su le faire et bien maintenant elle est tombée. Tu parles trop. Allez, fais de beaux rêves.
Spou, spou, spou.
Trois balles en plein cœur ne lui laissent pas le loisir de grogner davantage.
Ricardo place la langue dans la main ensanglantée du mort comme si ce dernier en faisait offrande à celui qui la lui a fait perdre, comme Morisson par exemple.
Il est temps de rentrer à Hell’s Kitchen.
[1] cf. Vous n’irez pas tous au Paradis
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Extrait n°3
Elle se déshabille, je la trouve bien faite avant de s’enfermer dans la douche :
— Elle est pas mal !
— Tu veux te la taper ? On peut faire un truc à trois si tu veux.
— On n’a pas le temps ; allez, on y va, prends ce qu’il faut avec toi.
— On passe par-derrière, c’est plus discret.
En combinaison bleue aux couleurs de la Great Plains Energy, nous remontons l’allée pour contourner la maison. Il ne semble pas que nous ayons été repérés, c’est une bonne chose. En deux temps trois mouvements je m’occupe de la fenêtre à guillotine qui n’oppose guère de résistance et nous entrons après nous être équipés de sur chaussons et de gants en latex.
Sur la pointe des pieds, nous montons à l’étage d’où nous entendons Chelsea chantonner sous sa douche. Sur le lit de sa chambre se trouvent étalés les vêtements qu’elle compte sans doute mettre en sortant de sa douche Je me planque derrière la porte, Shaw se cache derrière le lit.
On ne patiente pas plus de trois ou quatre minutes avant qu’elle ne sorte.
Elle rentre dans sa chambre et je bondis sur elle en la maintenant plaquée contre moi, ma main sur la bouche pour l’empêcher de crier. Ma sœur a été aussi rapide que moi étant donné que les chevilles de Chelsea sont déjà attachées à l’aide d’un ruban adhésif. La pauvre femme tente bien de se débattre mais la puissance de mes bras l’empêche de gesticuler.
Je la pousse sur le lit, lui maintiens la tête enfoncée dans les oreillers pendant que Shaw lui attache les poignets dans le dos. Enfin, je la retourne brutalement et au moment où elle reprend sa respiration, ma sœur lui colle un ruban sur la bouche avant de sortir de la chambre pour préparer la suite.
Chelsea ouvre de grands yeux, apeurée, essaie de me parler.
— Hum, rum hum rum !
— Ne te fatigue pas ma belle, c’est juste un jeu, tu vas voir.
Je l’enlève du lit en la posant délicatement par terre, range ses affaires dans son armoire et sa commode comme si elle ne les avait jamais enlevés. Je laisse une chambre propre et bien rangée, puis je prends la jeune femme que je jette sur mon épaule. J’en profite pour lui claquer les fesses fermement juste pour le plaisir.
Arrivé aux pieds des escaliers je grimpe sur l’escabeau que m’a préparé ma frangine. Je mets Chelsea en position debout et je lui passe une corde autour du cou, corde qui est solidement attachée aux barreaux les plus hauts de l’escalier. Comprenant ce qui est en train de se passer, Chelsea s’agite :
— Chut, calme-toi ma belle, si tu t’agites tu meurs.
Son instinct de survie étant plus fort que le reste, elle se calme d’un coup.
— Tu vois, tu ne risques rien là, tu as les deux pieds sur l’escabeau. Maintenant, je vais ôter le ruban adhésif. Fais bien attention de ne pas bouger.
Je commence par les chevilles. Je les masse, je laisse revenir le sang circuler. Puis celui de la bouche.
— Qu’est-ce que voulez ? Qui êtes-vous ? Vous devez vous tromper, je suis une future maman.
Shaw la regarde du bas de l’escabeau et lui dit :
— Je suis déçue, j’aurais pensé que tu aurais un ventre plus gros que ça. Tu sais que tu plais à mon frère ? Ça te dirait de faire l’amour avec lui ? Là, maintenant !
— Vous êtes cinglés !
Elle se met à pleurer et moi à rire. C’est ma sœur qui me fait rire elle a toujours eu de l’humour, quelle blagueuse !
Je lui enlève le ruban qui lui retient les poignets dans le dos et je descends de mon perchoir.
— Tu peux te masser les poignets, mais si tu fais n’importe quel autre geste, j’enlève l’escabeau, compris ?
— Compris. Vous voulez quoi ? Vous êtes qui ?
Je la regarde se masser les poignets enlevant par là même toute trace de lien. Shaw s’est assise dans un fauteuil, a pris une feuille de papier dans l’imprimante et, à l’aide d’un stylo posé sur la table basse elle écrit un mot.
— Nous sommes Shaw et Tom Fush, bienfaiteurs de l’humanité.
— Les barjots de Leybent ?
— Continue à être malpolie et je te dépèce sur place, connasse ! Si j’étais à ta place j’éviterais d’ouvrir ma grande gueule.