Extraits du Recueil
011 – Diaboliques envies
Quand les flammes de l’enfer
De leur chaleur que l’on espère
Intense et sulfureuse caresseront
Notre peau quand nos corps s’embraseront,
Nous serons alors seuls dans notre passion
Perdus dans le feu de nos frissons
Oubliant le tumulte des draps emmêlés
Ne pensant plus à nos yeux cernés.
Le ciel de la nuit parsemé d’une myriade d’étoiles
Nous appartiendra en catimini jetant sur nous le voile
De la voie lactée qui, étouffant nos râles et nos soupirs,
Nous guidera sur le chemin charnel des plaisirs.
Alors le monde autour de nous pourra bien s’écrouler,
Notre chère et divine mère la terre s’arrêter de tourner
Que nous ne le devinerons pas, pris dans cette fusion
Celle des sens, qui saura déchaîner nos passions
Dans de violentes pulsions jusque en début de matinée
Où nous nous endormirons l’un à l’autre enlacés
Sans jamais avoir été lassés de nos fulgurants baisers,
Nos corps recouverts de cette sainte rosée
Qui aura tant et tant su nous faire rêver.
Ne laissons pas la nuit des temps enterrer ce rêve.
Libère-toi, marque dans ta vie une trêve.
Relève la tête, franchis les obstacles et viens,
Je t’attendrai, je serai là pour te tendre la main.
∞
035 – Mon île
Telle une terre déserte, tu es mon île, nue
T’abandonnant sur le lit, étendue.
Comme le ressac de la mer,
Je m’échoue sans manière
Sur ta plage, et je vais et je viens,
Et dans tes grottes tu me retiens.
Dans ce doux naufrage de la vie
Je réveillerai tes voluptés inassouvies
Te susurrant à l’oreille mes haibuns[1]
En te recouvrant de mes embruns.
J’irai graver sur ta stèle d’obsidienne
Pour que toujours tu te souviennes
Les plaisirs des mille et une nuits
Que nous aurons tour à tour subi.
∞
[1] Haibuns : Forme littéraire d’origine japonaise, le haïbun combine prose brève et poésie brève. Bashô a utilisé cette forme d’écriture pour ses journaux et carnets de voyage. Le haïbun a ultérieurement connu diverses écoles et il est toujours pratiqué. Il traite autant des événements et des émotions qui surviennent durant un voyage que de la vie quotidienne. L’alliance de la prose et du poème entraîne le lecteur dans un univers étonnant, celui de la description et du non-dit, du minimalisme et de l’évocation.
072 – Douce soumise
Pour démon chasser
Il suffit de lui céder
Tu es venue avec ton voile blanc
Ton âme pure et l’esprit innocent
Vers moi le mage noir
Ne doutant de mon pouvoir.
Tu t’es laissée emmener sur ma couche
Et tu as laissé courir ma bouche.
A moi tu t’es livrée
Vue bandée et poings liés.
Docile, tu as laissé parler ton corps
Dans une mélodie d’un parfait accord
D’amour et de tendresse
Sous le poids de mes caresses.
Dans toute la pureté de ton âme
Tu as joui avec des soupirs qui déclament
La force de tes sentiments qui laissent la place
A la mort de cette noire face
Que tu as su chasser
Car tu as su donner.
∞
091 – Remplis sa couche
Quand le fil devient corde
Je saurai alors sans miséricorde
Attacher ce lien qui nous unit
Car je ne veux pas que tu fuies.
Ne crois pas que d’autres toiles se tissent
Sauf si tu décides que tout finisse.
Alors oui, l’araignée tissera
Pour celle qui la prendra.
A ce jour c’est toi qui es dans sa toile,
Qui es son appétit soufflant dans ses voiles
Lui donnant la force et la lumière
Pour te conquérir en avant première.
Alors laisse ces doigts sur ton corps glisser
Et ne te retiens plus, laisse-toi aller!
Loin de lui tes doigts seront les siens,
Près de lui tu les sentiras bien.
Sèche tes larmes et ne crois pas
Que demain les oubliettes seront ton trépas.
Sa couche est vide et pour en finir
Attends que tu y sois pour la remplir.
∞
Une belle plume