Extrait 1/3

— Laisse-nous seuls avec ta mère, petit, nous avons quelques affaires à régler.

Je tourne les talons sous le regard étonné de ma sœur.

— Toi aussi, Shaw, monte dans ta chambre !

Ce gros con de shérif s’imagine pouvoir me donner des ordres ! Des ordres à moi ! Des ordres à Tom Fush Jr ! Il ne semble pas savoir à qui il a affaire ! Une poussée d’adrénaline me galvanise à ce moment précis me rendant libre, au-dessus de tout, intouchable, invincible. Je me saisis du fusil accroché à côté de l’escalier et fais volte-face et le braque sur le bide de cette grosse saloperie de flic. Par réflexe, ce dernier porte la main à son étui pour sortir son arme :

— Pas de ça avec moi Dayton !

— Tu commets une grave erreur, petit. Ça peut te coûter très cher de mettre en joue un représentant de l’ordre !

— Pauvre trou du cul, tu es chez les Fush ici et ton étoile est une cible, rien d’autre !

Un silence pesant s’installe et sature l’air de la pièce. De grosses gouttes de sueur perlent de son front et s’écrasent sur ses cils tremblants, infligeant au regard la brûlure du sel. Il blêmit. Je lui souris. Chaque seconde de plus le rapproche de sa tombe. J’ai une telle haine pour cette espèce de salopard que j’en invoque le diable en personne afin qu’il lui fasse commettre l’irréparable, me donnant ainsi un prétexte pour tirer. Mais ai-je vraiment besoin d’une excuse pour tuer cet immonde salopard ? Il est en haut de ma liste et sa visite ne pouvait pas mieux tomber.

Shaw s’est réfugiée contre l’évier. Comme dans un ralenti, je vois sa main s’approcher d’un couteau de boucher en train de sécher sur la faïence de l’égouttoir, doucement, calmement, tout en fixant notre visiteur avec un large sourire narquois. La scène est complètement surréaliste, le temps reste figé. Ma sœur se saisit d’une pierre d’affûtage et, sans même baisser son regard elle aiguise bruyamment son arme blanche : swift ; swift, swift ; swift.

Le shérif paraît complètement perdu. Sa lèvre supérieure se retrousse, ses genoux tremblent et il murmure :

— Je rêve ou c’est une maison de fous ?

Seul le bruit de la pierre d’affûtage lui répond : swift ; swift, swift ; swift.

Ma mère semble désemparée. Elle reste bouche bée et comprend qu’un drame va se produire. Les yeux du policier lui sortent des orbites.

— Pose ton fusil, petit. On est entre gens civilisés. Je n’aurais pas dû venir ce soir. Je vais vous laisser en famille.

Swift ; swift, swift ; swift.

Tout à coup la pendule sonne : DONG !

Au même instant, cet enfant de putain dégaine son revolver mais je ne lui laisse pas le temps de s’en servir : pan !

Un coup de chevrotine fabrication maison, un seul. Douze billes d’acier de gros calibre tirées en une fois à bout portant ! J’adore mon fusil à pompe !

 

Extrait 2/3

Le coup de crosse qu’il reçoit sur la nuque l’envoie dans le coaltar. Au même moment, Shaw revient avec une glacière et une corde. Sans échanger le moindre mot, elle lance cette dernière par-dessus la poutre centrale. Le nœud coulissant est déjà prêt puisque nous l’avions prévu. Je traîne Ted inanimé en dessous de la corde, la lui passe autour du cou et le maintiens debout en laissant Shaw tirer sur la corde pour la priver de lest. Puis je le cale afin d’avoir les mains libres pour ouvrir la glacière et en sortir un énorme glaçon. Je le place sur un tabouret avant d’y installer ce gibier de potence dessus. Ma petite sœur fait faire un second tour de poutre à la corde, empêchant cette dernière de se dérouler davantage. Quand tout est prêt, je donne deux ou trois gifles à Ted. Il dodeline de la tête, ouvre les yeux et très vite il comprend la situation.

— Déconnez pas les gars ! Vous faites ça juste pour me faire peur, pas vrai ? Allez, Tom, fais pas l’con ! Putain, ça glisse !

— Chut ! Reste debout sur ce tabouret et ne t’arrivera rien. Tais-toi et concentre-toi. Si tu glisses, tu meurs et dans dix ans, je n’y penserai plus, ce sera de l’histoire ancienne comme tu dis si bien !

Shaw tripatouille un poste radio rescapé de nos tirs. Elle s’arrête sur une onde qui diffuse Come Away With Me de Norah Jones. Langoureusement, elle se dandine, se rapproche de moi, colle son bas-ventre au mien puis m’embrasse furieusement sous les yeux éberlués de ce pauvre crétin de Ted. Je la serre dans mes bras, électrisé par l’ambiance ainsi créée. Tout en laissant nos langues s’emmêler, nous dansons en tournant amoureusement autour de notre pendu. La musique enchaîne non-stop d’autres titres de la même artiste. Nous sommes comme propulsés dans une autre dimension, ignorant les suppliques du condamné qui ont tendance à casser l’ambiance et à nous agacer.

Des gouttes d’eau tombent sous le tabouret créant déjà une petite flaque. Tout en voyageant dans notre monde de rêves, enlacés l’un à l’autre, nous ralentissons notre rythme pour commencer notre effeuillage mutuel. Nous nous retrouvons rapidement nus, allongés sur le sol, au pied du tabouret, pour guider nos corps qui se cambrent et crier de plaisir sous nos caresses audacieuses d’une main, tenant nos armes de l’autre. Je laisse Shaw braquer ses yeux pleins de désir dans ceux de Ted emplis de frayeur pendant que je l’embrasse dans le cou en laissant ses seins frotter contre mon torse dans nos va-et-vient incessants. Je sais qu’elle le fixe pendant que je la possède entre ses jambes ouvertes alors que je sens la froideur du métal de son Smith & Wesson prisonnier entre ses doigts, posé sur mon dos. La flaque d’eau prend de l’ampleur, nous n’en faisons pas cas préférant nous unir.

Ted pleure, et tremble aussi. Il mourra doucement et une fois les pieds dans le vide, il lui faudra encore agoniser une dizaine de minutes pour laisser la vie s’échapper de sa carcasse.

Le bloc de glace glisse du tabouret en se fracassant sur le plancher affolant Ted qui s’agite davantage !

— HUMMMM !!!

Les pieds du pendu se balancent sous mes yeux au moment même nous jouissons de concert, elle et moi, excités par le spectacle fascinant de cet homme qui gigote au-dessus de nos corps nus, jeunes et pleins de vices.

Extrait 3/3

Il aime bien se rendre à la supérette, ça lui donne l’occasion de reluquer la gamine, la petite Brooke. Il a toujours des pensées indécentes quand il croise son regard et ne parvient pas à lutter contre ses pulsions. Il guette chacun de ses mouvements espérant saisir l’image des sous-vêtements portés sous ses jupes courtes s’il lui venait la bonne idée de se baisser maladroitement. Dans ces moments-là, il se jure de s’occuper de son p’tit cul à cette gamine. Il lui arrive même de baver en se disant « Je vais t’apprendre ce qu’est un homme, petite salope, je vais te faire passer tes airs de pimbêche, moi ! » Elle est devenue rapidement son obsession. Que ce soit une gosse, il s’en fout, ce sont les violentes pulsions ressenties en sa présence qui comptent avant tout.

Très souvent, en fin de journée elle quitte le magasin pour passer chez elle prendre sa chienne Izzy et part se promener à travers champs. Elle emprunte toujours le même chemin.

Il a dans sa tête ce scénario bien huilé qui ne le quitte pas : cagoulé et tapi dans les épis de blé il est à l’affût. Au moment précis où elle passe devant lui, il arrive dans son dos et lui plaque une main sur la bouche tout en pointant fermement un tournevis sous son menton.

— Si tu cries je te perce, compris ?

 

 

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