Extrait n°1

C’est alors que Duilhac retire un poignard coincé à l’arrière de son dos et le dépose sur le front de Bruno.

— Mes chers con-patriotes, je suis votre nouveau Président, votre roi. Malheureusement il persiste encore des rebelles qui ne comprennent pas l’évolution de la France et du monde. Je pense que leur cerveau est malade, gangrené par la stupidité et l’inculture. Voilà ce que je fais aux cerveaux malades.

Ni une, ni deux, Duilhac use la lame sur le haut du crâne de Lavalette et avec l’autre main, il tire le cuir chevelu de sa victime. Bruno hurle comme il n’a jamais hurlé, le sang dégouline le long de son visage. Duilhac décalotte la peau du haut de la tête jusqu’à la laisser pendre sur la nuque. La victime ne se débat pas. Il subit. La douleur a atteint un point de non-retour. Sa face, un mélange de sang, de larmes et de chevelure est méconnaissable.

— Lavalette, m’acceptes-tu enfin comme ton nouveau Président ?

Dans une dernière force jetée, Bruno expulse :

— La mort est préférable à l’esclavage.

— Il est coriace mais stupide. Mes chers téléspectateurs, ne vous en faites pas, on va mater cet infidèle.

Duilhac pose le poignard sur le bureau et ouvre la cage de son corbeau. Il glisse sa main à l’intérieur et récupère « Didi » le déposant sur son épaule.

— Voyez mes amis, je vous présente mon plus fidèle compagnon. Mais il a un défaut. C’est un sacré gourmand. Et je crois bien qu’il a faim.

Duilhac pose sa main sur l’épaule de Lavalette.

— Bon appétit mon ami.

Le corbeau descend de l’éclanche de son maître, fait quelques pas le long du bras puis arrive sur l’épaule de Bruno. Après un coup de tête à gauche, puis à droite, Didi enfonce son bec acéré contre le crâne du Président. Les pupilles de Lavalette disparaissent. On ne perçoit que le blanc de ses yeux. Pendant que la corneille déguste des lambeaux de chair, le président déchu balbutie quelques syllabes :

— ba. dé… gueu….to…

— Je ne suis pas un monstre. Je vais mettre un terme à ses souffrances. Les Français ont un hymne qui dit « Marchons, marchons ». Eh bien mon cher Lavalette, que ton sang impur abreuve nos sillons !

Il récupère la dague sur le bureau et tranche la gorge du feu Président. Didi s’envole lorsque le corps de la victime est chahuté dans une dernière convulsion. Puis ce qui restait de Lavalette s’écroule sur le carrelage dans une mare d’hémoglobine. Tout en essuyant son poignard sur le pull du cadavre, Duilhac s’adresse une dernière fois aux téléspectateurs, lorsqu’à l’arrière-plan, on aperçoit le corbeau venu terminer son festin à base de barbaque encore chaude.

— Mes chers con-patriotes, je voulais soigner mon retour à l’Élysée. Je pense que ce n’était pas trop mal. Je vais reprendre mes marques et je n’hésiterai pas à vous rencontrer à nouveau pour vous détailler mon plan de route pour redresser notre si beau pays. À très bientôt aux pieds de Shaduk.

 

 

 

Extrait n°2

Dans la cuisine, Julie récupère un verre. Elle le glisse sous le robinet de l’évier. Attendant que le fluide remplisse le contenant, elle observe son porte-couteau en bois, supportant plus de six lames. Elle songe. Quelle idée peut lui traverser la tête ? Soudain, le verre régurgite le surplus d’eau. Elle revient à elle. Elle en vide un peu dans l’évier. De retour au salon, elle contourne Jimmy et lui transmet son verre d’eau quand tout à coup, elle récupère un couteau caché dans son dos, prête à éliminer le campagnard islamique. La lame se dirige en plein cœur de sa cible lorsqu’un coup de feu stoppe son élan. Elle tombe à genoux, puis complètement au sol. La petite étincelle de son regard vient de s’évaporer. Julian se précipite à ses côtés.

Ruben, le canon fumant de son pistolet semi-automatique, s’adresse à son mentor :

— Monsieur, tout va bien ?

— Parfaitement. Je m’aperçois que tu es quelqu’un de fiable et solide. Bon réflexe mon petit. En revanche, j’espère que ce sang partira facilement de mon veston.

Amar sort un mouchoir et essuie sa veste tachée d’éclaboussures sanguines.

Jimmy se met à siroter son verre. Jouxtant cet échange amical entre le guide et son sous-fifre, Julian est couché à côté de sa défunte épouse, touchée en plein cœur. Les larmes de ses joues tombent et dégoulinent sur le visage de sa femme. Son hurlement retentit comme un loup venant de perdre sa moitié. De l’autre côté de la cloison, Kitana en larmes, maintient sa main droite sur sa bouche de peur d’éveiller le moindre soupçon sur sa présence. Son poing gauche est serré, d’une haine et d’une force remarquable. Son self-control domine mais elle donnerait tout pour débarquer dans la pièce et arracher les yeux de ces terroristes. Démoralisée, elle comprend qu’elle vient de perdre la femme de sa vie, celle qui l’a élevée, celle qui l’a protégée durant tant d’années. Elle sent la présence de son bijou autour du cou. Sa mamie a été visionnaire comme si elle avait senti le danger débarquer devant sa porte. Avait-elle perçu la mort rôder non loin ? Quoi qu’il en soit, elle a transmis sa croix porte-bonheur juste avant son meurtre comme si l’effet de protection avait cessé dès lors.

— Julie ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Finalement elle aurait mieux fait de ne jamais te rencontrer. Sa vie aurait été peut-être plus longue.

Julian s’agenouille et lance un regard noir à Jimmy.

— Je vais te tuer. Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment, mais je vais te tuer.

— Ton purgatoire aura duré soixante-cinq piges. Assez de temps pour savoir si ton âme est bonne ou si tu as droit aux Enfers éternels. Félicitations, ton jugement arrive, ajoute Amar, souriant.

Julian se redresse et récupère le couteau tombé devant lui avant de se jeter sur Ben-Lanet. Ruben arrive sur le travers et percute Ginestas, sans que ce dernier puisse atteindre sa cible. Il chute sur la table basse.

— Nous avons perdu assez de temps. Ruben, maintiens-le à genoux.

Le responsable de la communication du Président relève Julian, tout en prenant le soin d’évacuer le couteau de cuisine. Puis il l’oblige à se soumettre, en lui glissant un coup de poing dans les reins. Amar se lève de son siège, appuyé sur sa canne et récupère la lame qui lui était destinée. Pataugeant dans le sang de Julie, il lance une énième provocation le regard sur ses chaussures :

— Et bien, il faudra passer un bon coup de serpillière ici. Sinon ça va s’incruster dans les joints du carrelage. Julian, ton heure est arrivée. Ma mission locale s’achève ce soir. Tu vas mourir, ta petite-fille va mourir. Ton village va disparaître. La Palme sera bientôt rayée de la carte, Au nom de Shaduk le miséricordieux, que la paix soit sur toi.

Jimmy lève sa lame au plafond et la dirige vers le cou de sa victime alors qu’il stoppe la course de sa main :

— Je suis un homme bon au service de la Sainte Toison. Je te laisse une dernière chance si tu veux vivre. Promets allégeance à notre Dieu, à la loi babylunaire et tu seras sauf. Je t’offre la possibilité de te convertir. Deviens adepte du Babylone lunaire, deviens l’un d’entre nous.

— Plutôt crever que de trahir mes idéaux.

Amar soupire puis il plante la lame sectionnant la carotide. Le vieux Palmiste porte ses mains autour de son cou dont le sang jaillit comme un geyser. Il perd pied peu à peu. Ses forces se réduisent. Son regard s’essouffle. Il chute, le visage contre le sol. Les yeux tournés vers la porte, il aperçoit un morceau de la silhouette de Kitana. Il murmure quelques mots. Elle lit sur les lèvres et comprend : « Va te cacher, je t’aime ». Une lumière de plus en plus intense l’éblouit. Il ferme ses paupières. Il ne souffre plus. Il va pouvoir retrouver Julie, et la chair de sa chair, son fils Armand. Un léger sourire apparaît sur sa face comme si son âme trouvait la paix et comme s’il faisait un pied de nez au vieux Lanet.

 

 

 

Extrait n°3

— Je n’en peux plus de tes coutumes, de ta robe, de ta moustache. Tu as tellement changé, tu n’étais pas comme ça lorsque nous nous sommes rencontrés, hurle la mère en direction du père.

— Nous sommes mariés, nous avons un enfant. Tu es liée à moi. Fais-toi une raison. Et remets tes tresses rouge bordel !

— Benoît, nous partons. On ne peut plus vivre ici.

Elle prend le bras de son fils mais le pitchou la repousse. Pris de colère, le père tabassa sa compagne sous le regard du petit Benoît. Alors que la maman était méconnaissable, entre le sang qui s’écoulait des différents orifices de son visage et les ecchymoses qui gonflaient, le papa chuchota à son fils :

— Dans la section 12 de la Sainte Toison, les hommes genrés ont autorité sur les femmes. Un homme genré est égal à deux femmes. Shaduk dit que les tresses rouges sont le symbole de la pureté. Ta mère m’a désobéi, frappe la.

— Papa, je ne peux pas, répondit Benoît désemparé.

— Tu le peux et tu dois te faire respecter. Tu es un homme genré et elle n’est qu’une femme. Dieu lui pardonnera ses péchés. Vas-y, frappe-la, répéta le père, sans aucun trait d’empathie sur son visage.

Benoît regarda son géniteur. Puis il fixa le corps de sa mère, désarticulé. Elle essayait bien de prononcer quelques mots mais l’hémoglobine sortait de sa bouche. Benoît regarda à nouveau son père et sourit. Il prit un pas d’élan et balança un violent coup de pied en plein ventre de sa mère, la femme qui l’a mis au monde.

 

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